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L'art, chemin de vie

Discours de Daniel Boisart, adjoint chargé de la Culture à Villemur sur Tarn.

 

L’art comme chemin de vie ! Quel programme magnifique pour ce dernier dimanche de l’hiver, celui où se préparent les gestations prometteuses de l’avenir !  Peut-être un chemin qui ne mène nulle part, d'ailleurs, comme l’écrivait Heidegger, tant il est vrai que la destination est sans doute moins importante que le parcours lui-même, et je crois que c’est bien la conviction de notre invité.

 

Nous sommes heureux de recevoir Alain Mila, rien que pour lui, si vous me permettez l’expression. Nous avions consacré, à l'automne, une très belle expo à l’association qu’il préside : « Les sentinelles de la Paix », plusieurs se souviennent sans doute de ces sentinelles dressées au milieu du Tarn et que le vent et les crues ont emportées et c’est très bien ainsi, leur message étant à la fois éphémère et éternel.

 

Que l’art contribue à rendre le monde plus habitable, c’est votre conviction, cher Alain. Vous nous proposez d’associer la poésie à la raison pour naviguer entre l’imaginaire et son ombre, le réel, à moins que ce ne soit l’inverse.

 

Ce chemin de vie est le chemin de toute la vie, celui du temps qui passe, celui dont nous souhaiterions qu’il soit à l’image de l’univers, quasi éternel, mais dont nous mesurons à chaque instant l’inexorable écoulement. « Nul ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » affirmait Héraclite il y a 2500 ans. Et il ajoutait, au cas où nous n'aurions pas compris: « car, la seconde fois, ce n’est plus le même fleuve et ce n’est plus le même homme ».

 

Sans doute est-ce pour cela que vous accordez autant d’importance aux réalisations monumentales qu’aux constructions éphémères. A ce qui reste et à ce qui s’évanouit.  D’ailleurs vous l’écrivez fort bien : « Ma diversité disciplinaire trouve également une cohérence dans la place que je donne à ce qui m’échappe… Cette prise de risque est indispensable pour créer. Ma démarche est de travailler jusqu’à ce qu’advienne une surprise ».

 

C’est cette surprise que le spectateur de votre travail peut ressentir aussi, s’il renonce aux interprétations hâtives, s’il parvient à se mettre à l’écoute de ses impressions, de ses émotions, s’il se laisse interpeller par le regard qu'à leur tour les œuvres posent sur lui.

 

 

 

Avec le temps, dites-vous, le Land art est devenu votre moyen d'expression privilégié. Ce travail sur et dans la nature, est d'abord représenté par ses sentinelles de la paix, ces soldats minéraux dont l'équilibre fragile est à l'image de notre époque. Cette paix, dont nous nous souvenons tout particulièrement aujourd'hui, 19 mars, de quel prix il faut parfois la payer.

 

Mais le Land art est surtout représenté dans cette salle, où il occupe une bonne partie de l'espace.

 

Votre goût pour la découverte, votre regard si particulier sur notre univers, vous porterons j'en suis sûr vers d'autres formes d'expression. Vous avez toute la vie devant vous, n'est-ce pas ?

 

 

Il est comme ça, Alain Mila : réceptif à tous les messages de l'univers, passionné par la médiation possible que son travail peut représenter pour ses frères humains.

 

Nous comptons sur lui pour transmettre aux enfants de nos écoles, qui viendront nombreux, je l'espère, cette semaine, un peu de la passion qui l'anime.

 

Une fois encore, je voudrais insister sur ce devoir de transmission : ne gardons pas pour nous, ne thésaurisons pas le bonheur que la culture nous apporte : essayons de porter ses valeurs, son message de paix et de tolérance mais aussi d'accomplissement de soi, et d'en être les témoins pour les générations futures, qui ont tant besoins de repère.

 

Merci de votre attention.DSC_7886.jpg



21/03/2017
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